Écrire pour ne pas s’effondrer

Thierry Brun ressort un vieux manuscrit intitulé « Journal » – Un homme face à ses démons

Pourquoi j’écris tout ça ?

Je me suis posé la question en prenant le stylo. Et je n’ai pas vraiment de réponse. Pas de plan, pas de grand projet. J’écris parce que j’ai besoin de vider le sac. Parce qu’à force de tourner en rond dans cette cabane paumée, avec le froid qui s’infiltre de partout, avec le silence qui me fait du bien, y’a plus que les mots pour faire un peu de lumière.

Je ne suis pas en train de chercher à me racheter. Je n’ai jamais cru à ces conneries de rédemption. Je n’écris pas pour attendrir qui que ce soit. Je ne veux pas qu’on m’excuse. Je ne veux pas qu’on me comprenne forcément. Ce que j’ai fait, je l’ai fait. Je porte ça avec moi, comme un sac de pierre, et je le traîne partout, même ici, loin de tout.

Mais voilà, les souvenirs me bouffent. Les nuits sont longues. Les images reviennent, les voix aussi, les gestes, les cris. Ça tambourine dans ma tête. Et si je pose ça là, sur le papier, c’est peut-être juste pour faire taire un peu le vacarme. Pour y voir plus clair. Ou au moins, y voir quelque chose.

Il n’y a personne autour. Juste moi, Senior, et le vent qui cogne contre les murs. Je n’ai plus grand-chose à perdre, à vrai dire. Je me fous de ce que les autres penseront de ce que j’écris. J’écris pour moi. Pour ne pas m’effondrer complètement. Pour tenir encore un peu. Pour mettre de l’ordre dans ce bordel intérieur. Peut-être même pour me rappeler que j’ai existé autrement qu’à travers les conneries que j’ai faites.

Ce n’est pas un journal. Ce n’est pas un témoignage. C’est juste un type qui ne parle à personne. Mais ça sort. Et quand ça sort, ça fait un peu moins mal. Alors j’écris.

Le dialogue avec soi-même

Pourquoi je reviens maintenant ? Je n’ai pas eu assez de place toutes ces années dans ma propre tête ?

C’est moi qui me suis appelé. J’ai pris le stylo, j’ai ouvert la porte. Fallait bien que je m’invite.

J’écris pour m’en débarrasser. Pas pour m’écouter me faire la morale.

Je crois vraiment que je vais m’en débarrasser comme ça ? Que gratter quelques lignes suffira ? Que poser des mots va effacer les cris, les coups, les visages que j’ai oubliés pour tenir debout ?

Non. Je sais que ça n’effacera rien. Mais ça me permet de regarder. Enfin. En face. De ne plus détourner les yeux. Et ouais… peut-être que ça fait un peu moins peur une fois que c’est posé.

Je veux du courage maintenant ? Il fallait y penser quand j’avais vingt piges et du feu dans les veines. Quand j’ai foutu ma vie en miettes. Quand j’ai choisi la vitesse, la haine, la peur.

Je n’ai pas choisi. Ou alors j’ai mal choisi. À l’époque, c’était ça ou crever. J’étais là, je le sais très bien. J’ai fait ce que j’ai pu.

Je me suis construit là-dessus. Sur la violence. Sur le refus. Sur la colère. Et maintenant je fais quoi ? Je me prends pour un poète au fond des bois ? Je veux qu’on m’applaudisse ?

Je n’en ai rien à foutre des applaudissements. Il n’y a plus personne pour ça. Je n’écris pas pour être entendu, j’écris pour que ça saigne autrement que dans ma tête. Je veux juste que le silence arrête de m’avaler.

J’ai toujours eu peur du vide. C’est pour ça que j’ai fait tant de bruit. Que j’ai fracassé tout ce qui s’approchait trop près. J’ai détruit avant d’être quitté.

C’est vrai. J’ai tout cassé. Par instinct. Par défense. Et regarde-moi maintenant. Une cabane, un flingue, un chien. Et moi, toujours là, à ressasser.

Je ne suis pas là pour me condamner. Je suis là parce que je suis incapable de vivre sans cette part-là de moi. Je n’écris pas pour l’éteindre, j’écris pour qu’on cohabite.

Peut-être. Ou peut-être que j’écris parce que je veux qu’au moins une version de moi survive. Pas celle qui a cogné, qui a trahi. Mais celle qui regarde, maintenant. Celle qui regrette. Celle qui s’accroche.

Alors, vas-y. Continue. Mais je le sais : je resterai là. À chaque ligne. À chaque mot. Tu veux écrire ? Il faudra m’affronter. Encore et encore.

J’ai plus peur. Je n’ai plus rien à perdre. Et moi, je n’ai plus le pouvoir de me faire taire.

Extrait du manuscrit « Journal » de Thierry Brun

Chapitre I

Je suis réfugié ici, peu apaisé mais calme, baigné par la chaleur de l’âtre, confortablement étendu sur un antique divan. 17 heures. Heure pleine et sombre. Hiver 2012. Est de la France.

Sur le tabouret, à portée de main, le semi-automatique me cligne de l’œil. Le fameux Desert Eagle, véritable tour de force technique : ça tire du .41 ou du .50 Action Express, capacité 7 à 9 coups.

« C’est pas du fric que tu as. »

Je ne réponds rien. Laurent insiste sur le même registre, je ne l’entends plus, pose le portable en équilibre sur ma poitrine, joue avec l’amplificateur de son. Sa voix retentit, brouillée par les ruptures de relais.

Je sais bien ce qu’il rumine. Mes arguments n’y feront rien, il reste persuadé que l’on peut s’enrichir dans la légalité et le respect citoyen. Je n’ai pas le temps pour ces foutaises. Je me suis toujours interrogé sur son engagement, ses convictions. Je le soupçonne d’être le jouet du poids de la culpabilité, cette machine à niveler.

Il jure que je perds la tête à fricoter avec des marchands d’armes et des tueurs de flics. « Tu vas mal finir ! As-tu assez gâché ta vie ? Tous ces crimes. S’enfouir ne protège pas. Que feras-tu quand tu comprendras, enfin ? Encore un verre de poison ? »

Je songe avec amertume que la vie nous a éloignés. Mon pote ferme les yeux sur les activités de ses partenaires qui œuvrent en Afrique. Ils déclenchent les feux nécessaires entre le sud et Djibouti pour le plus grand bien de leur bilan. Il feint d’ignorer notre état de gros porcs vautrés dans la boue des indigents. Alors je n’éprouve aucune honte : mes commanditaires paient des impôts en France.

Oui, je le lui rétorquerais bien, mais je ne réponds rien. L’anarchisme vit en moi et n’allume plus de colère. Enterré, le temps où, le cœur battant, j’avais tagué la mairie du Pré-Saint-Gervais : « Moi je vous tuerais ». À cette époque, je n’imaginais ma révolte que dans le combat direct, exhiber un flingue, être un tigre. Je n’étais qu’un sauvage sans réflexion, les racketts, les bastons pour exister aux yeux du monde.


J’ai préparé le fagot, à l’ancienne. J’apprécie ce geste millénaire : courbé sur le tas de cendres à nettoyer, disposer les fins branchages en une pyramide incertaine. Les journaux froissés en torchettes, les premières flammes enfin. La joie enfantine de réussir une bonne flambée. Il m’arrive de tout effacer, bercé par la musicalité si particulière du petit bois dévoré par le brasier, juste une plage fugace de sérénité.

Je suis bien au chaud. J’attends que le diable surgisse, méchantes flammèches battues par le vent emprisonné dans le conduit de la cheminée. Les griffes enflammées lèchent la pierre.

Un coup de fatigue caresse ma nuque. Je change de position dans le canapé, tout engourdi, je zappe la télé, avise l’antique poste radio, m’y traîne en soupirant, mes paupières pèsent une tonne. Avec délectation, j’appuie sur le gros bouton noir et laisse le hasard choisir. La mélopée du rappeur français chante l’existence qui défile. Éternité. La chanson parle d’un Cactus de Sibérie, la voix grave, douce, scande comme un cœur de forge.

Je vis une perception quotidienne de mon échappée belle. Chaque seconde de vie supplémentaire me tire un sourire. En définitive, je les ai possédés ! Dans cette issue, je trouve ma joie.

Enfant, je gênais tout le monde. Je ne ferais pas de psycho à deux balles, non. Ce n’est pas une revanche, moi, simplement. Je ne cherche pas à m’entretuer, le fric est l’adrénaline. Il me pousse vers le jour, il est mon ricanement au nez du mauvais destin. Je suis peut-être en guerre.


D’un coup, sous la folie d’un coup de tabac, ça ronfle avec vigueur. Je ne m’inquiète pas, ce havre de quiétude a été conçu pour résister longtemps aux tourmentes. Je ressens, là, maintenant, toute la robustesse de cette baraque. Elle s’accroche avec vaillance, repousse les trombes d’eau qui s’écrasent contre ses murs, bouches monstrueuses avides de la happer. Les bois alentour grincent et craquent sous les rafales querelleuses.

Je pose la main sur le pistolet. Modèle Mark XIX Magnum .357, très destructeur, voisin incongru de la tasse de café et du poste radio. Un cadeau d’un ami kraviste. Eyal. Il ne vaut pas, à mon goût, le MR96 avec poignée en caoutchouc qui tire du .357 Mag/.38 Spcl. Le pontet strié à l’avant est prévu pour le tir à deux mains. Je ne suis pas un fan des Français, trop chers, je dois avouer qu’ils demeurent les meilleurs quant aux armes de poing.

Les reflets argentés me clignent dans l’œil. Je le soupèse, joue avec la queue de détente. Je ne parviens pas à croire que ce simple geste puisse meurtrir, ôter la vie, ruiner des vies. Je laisse mes réflexions prendre le dessus, guidé par le bruit des éléments en fureur. L’orage fouette la façade nord de la cabane.

Le feu chante. Les volets clos et l’âme en berne, j’attends que Julien Lepers illumine l’écran. J’apprécie ces moments de pure hébétude, cet enivrant besoin de vide télévisuel.


Dès la fin de matinée, affublé d’une paire de bottes et d’un coupe-vent, l’esprit éteint, je n’ai eu de cesse de me perdre en d’interminables échappées dans ce décor de forêts et de sentiers abrupts, dans le silence qui baigne ce côté-ci du monde. Senior, je l’ai trouvé ici, devant la baraque, sous le haut vent. La mort avait déjà planté ses griffes dans sa carcasse. Une mauvaise déchirure souillait son flanc. Je l’ai soigné par hasard et gardé par flemme. Il s’est imposé. C’est vite devenu mon chien. J’ai renoncé à rabrouer ce convalescent téméraire qui refuse de me laisser sortir seul. Nous sommes rentrés sous le premier déluge.

Il a élu domicile sur mes pieds, l’arrière-train présenté à la tiédeur du foyer, la truffe dans le cœur de ses pattes croisées. De temps à autre, il m’offre un regard éperdu, comme une interrogation dans son œil. Je le flatte avec délicatesse derrière l’oreille.

Il semble craindre les méchantes ombres qui dansent au plafond, geint et soupire, à peine rassuré par mes caresses. Il cache son museau, épuisé par notre dernière virée, le poil encore poisseux, gronde, attentif aux bourrasques, comme à une menace au loin… Un diable surgit des entrailles de la tourmente qui viendrait le martyriser. La baraque tempête autant qu’elle peut, malmenée deux jours durant. Les vents traversent la vallée, battent le mont Carré, soulèvent des tuiles, se projettent en trombes hurlantes dans le bois qui jouxte mon doux foyer. Ça frissonne dans les chaumières.

Dans le bol, le café refroidit.


Soufflé par un courant d’air, l’halo du feu s’étend au-delà du châssis. La pénombre vacille, se faufile le long des poutres, joue avec les empreintes du crépi, s’étire comme une âme suppliciée et meurt aux confins des puits d’ombres.

Je bouge les orteils, masse mes cicatrices du bout des doigts. Je suis bien. Proche de l’oubli. La pluie martèle à grosses gouttes.

Plus tard, au bord de la nuit, l’espèce de crabe sous acide s’agite dans les mailles de mon pull. Je soupire et chope le téléphone. M’arrachant d’un demi-sommeil, Laurent :

« Isabelle a vu Nacima. »

Il ne s’étend pas, je loue la discrétion de ce mec. Pépé l’a parfaitement dressé. Il a su que Laurent donnerait quelque chose, que la graine germerait en qualité. Laurent jeune, déjà si près de son but, si proche de lui et de son futur.

Le téléphone me brûle l’oreille. Je baigne dans mes vêtements, couvert de sueur.

« Nacima dit que Francoeur fait courir le bruit qu’il cherche un associé. »

Il éclate d’un rire sec dans sa caisse de consultant.

« Je pense que nos anciens amis te traquent. Y a des signes. »

L’évidence m’étreint : Francoeur me plaque. Pourquoi ne suis-je pas surpris ? Pourquoi cela ne m’atteint-il pas ?

Je me le représente, tranquille dans son appartement de huit pièces, fauteuil dans l’axe de la Seine. Son regard perdu dans le whisky, le poignet habile, l’esprit en alerte. L’heure du choix, la mine sombre. J’ose imaginer que cela n’a pas été de gaieté de cœur ; décidément, il restera à jamais qu’un tout-petit laquais. Il sauve sa misérable peau, sa traîtrise ne m’écœure pas.

« T’as eu le Vieux ? » crache Laurent.

Je secoue le portable, agacé par ce rappel, ça « passe » rien du tout dans le coin. Énième relance, il occupe ma ligne comme un père consulte le carnet de correspondance de sa progéniture.

« Bon, mis à part tes conneries, allô ? Ouais, ce n’est pas l’endroit, je me doute, tu devras tenir avec les 50 000. J’en reviens pas d’un tel gâchis ! Je te parle de Pépé… Il va pas bien. Je sais que ce n’est pas prudent, mais il te réclame. »

Il m’épuise. Dans les abîmes des ondes, j’identifie son univers : entre deux clients, dans sa berline, il écoute France Bleu, fume une ribambelle de cigarettes, échafaude des projets. C’est un véritable constructeur, un ouvrier de la vie qui passe d’un chantier à l’autre, attentif aux besoins de sa famille.

« Allô ? Qu’est-ce qu’il veut celui-là ! Thierry ? Un connard en BM… Le con, il va se planter. Tu vois venir avec le fric ? Je disais, Pépé est sur la fin. Tu dois y aller. »

Descendre, si j’y songe, je suis mort.

Là-haut… Une expression de Pépé. Ici a toujours été « là-haut ».


Là-haut, loin de tout, dernier habitat avant les océans de pinèdes qui recouvrent la frontière avec Ammendigen, Freiburg… Province martyre des deux grandes guerres qui a vu les Allemands allumer de joyeux feux dans les églises, qui a vu ses jeunes disparaître sous des balles et dans des trains. Les petits gars de la résistance s’étaient organisés avec audace ; résultat : trois mille déportés vosgiens et mille pour la seule vallée de Senones. Un après-guerre sous l’empire Boussac, économie tenue à bout de bras. On y trouve maintenant ce lot de désolation et d’abandon propre à toutes les régions sinistrées sur l’autel du profit.

Laurent s’époumone, un souterrain le trahit. Je songe à notre amitié, un oubli de l’adolescence qui remonte du temps de l’institut Waysse, et je ne peux retenir une légère crispation d’angoisse.

Dans les ondes, ça repart dans les bruits de gorge de clopeur terrorisé par les patchs. Gros fumeur, Laurent, comme Pépé.

« Je retombe dans un tunnel… Je rappelle ! Allô ? Allô ? Ouais, faut qu’on mette au point les virements. Je ne garde pas tout ce fric. Isabelle ne cède rien là-dessus. Pépé t’attend. C’est la fin, Thierry, les toubibs sont formels. Je l’ai déjà dit, non ? Putain de tunnel. »

La communication se meurt.


Senior ronfle. Il tient mes pieds au chaud. Son cœur bat contre mes orteils. Je ne dérange pas le dormeur, attentif aux rafales.

Le vent n’a rien perdu de sa force, rugissements titanesques qui broient les forêts environnantes. Cette puissance est telle l’arme de guerre qui rayonne sur la table ; j’admire sa beauté formelle de dangerosité annoncée.

Maintenant, la radio diffuse du jazz, style tout cool interprété avec des instruments électroacoustiques, mélange de cultures musicales de toutes les époques. Cubain, africain… Cette fusion des genres conduit à de pures merveilles et à de vraies merdes. Y a des connaisseurs, je n’y entrave rien.

Plus tard, j’ouvre les yeux, j’éprouve un sentiment confus et illusoire de liberté. Comme une annonce funeste, le bois ne craque plus, couvert d’un manteau de cendres. Je peux raisonnablement y lire le signe que les menaces se sont organisées et sillonnent le pays. Je ressens la présence des hordes à la solde des revanchards, soupçonne des chuchotements dans les couloirs du ministère, des autorisations implicites de meurtre. Je ne devrais plus, je ne vais plus répondre.

Prendre le risque de rallier Aulnay, un jour seulement, revoir Pépé avant que…

Mais j’ai comme la désagréable impression de manquer de choix.


Une rafale plus violente parvient à secouer un volet. Je sais lequel, mais la fatigue me terrasse. Je verrai demain. Un bon rouleau de papier, calez-le tout pour cette nuit. Je songe au tas de bûches devant le puits. Je vais mourir de froid si je ne me pousse pas au cul. Il n’y a pas grand-chose à décider si ce n’est retourner la remise, ranger le bordel, rentrer le bois, charger le charbon, voire le volet avant l’arrivée du climat sibérien.

Ça bourdonne dans les murs. J’ouvre les yeux, quelle heure ? Mon corps, agréablement douloureux, se prépare à la nuit.

Laurent, vrai fan de la communion téléphonique, vient encore troubler mon demi-sommeil. La ligne me casse la tête, j’agite le portable avec la jubilation de martyriser cette technologie que je ne supporte plus. Il s’égosille, déjà en retard, perdu dans sa berline sur la N12.

Plus tard dans la soirée, un jeu télévisé disparaît, happé par une vague publicitaire.

Je rassure Laurent : mon avenir financier est garanti. Le fric ne me sauvera pas la vie. Accessoire ou pas, il reste un outil, non une assurance. Laurent est bien d’accord sur ce point.

Silence. Je réalise, abasourdi, que notre amitié repose sur la disponibilité. Je n’ai plus envie de lui parler.

Je n’entends plus rien !

Avec un plaisir enfantin, je romps du pouce le contact, les crachotis cessent aussitôt.


J’ai cru à une période que le business cimenterait notre solidarité. Mais non, l’écart s’est creusé au fil des années, il a soigneusement évité mes coups foireux, ne m’a pas suivi dans cette course au fric. Je dois l’avouer, je lui en veux d’avoir réussi sa vie. Comme s’il avait abandonné une part de nos promesses, de nos espoirs de révolte que nous chuchotions dans le dortoir, après le passage du surgé.

Il a saisi sa chance, affirmait Pépé.

Un voile chaleureux baigne mes yeux fatigués, un goût de café derrière la langue, de doux frissons accueillent mon endormissement.

Laurent doit rouler quelque part, désespéré de vivre et pressé d’en finir.

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