
Né en 1964, Thierry Brun vit en banlieue parisienne après une enfance nomade qui l’a conduit des ports du Havre, Calais et Marseille aux dorures des immeubles haussmanniens.
Élève curieux, mais révolté, il décroche par hold-up un diplôme commercial et se lance dans la vie active en occupant des emplois aussi divers que steward aux Wagons-lits, vendeur de tissus au marché Saint-Pierre ou secrétaire attaché aux passeports d’un importateur russe avant de rejoindre la Criée à la Bourse de Paris et la finance d’entreprise dans les années 80/90 comme négociateur puis de se tourner vers la littérature dans les années 2000.
Thierry Brun qualifierait son adolescence de page blanche. Il entre dans la vie d’adulte comme on remonte à la surface avec les pieds plombés. Malgré ce poids, il s’est toujours senti libre et artisan. Dès son plus jeune âge, les mots, les textes, les idées bouillonnent en lui.
Ses premiers écrits, au collège et au lycée, sont tous hors sujet. Il profite des dissertations pour se les approprier et livrer des pamphlets. Ils dénoncent la société du spectacle, la pauvreté des modèles, les courants politiques sans ambition.
Un professeur de français, exaspéré par son attitude engagée et son refus de jouer le jeu, lui conseille vivement de « prendre les armes » « de se soumettre ou de se démettre ». Un second, d’écrire. Suivant cette dernière préconisation, il économise pour acheter une machine Olympia et pondre des histoires qui lui plaisent.
Il se reconnaît dans le roman noir, mais les étiquettes l’irritent. Selon lui, le roman est un monde protéiforme et non une case. Dans le même temps, il entre dans la vie professionnelle avec la conviction qu’il sera potier ou bien boucher carreleur. Mais, le destin en décide autrement. Après un passage dans la finance de marché, poussé par une journaliste qui le prend sous son aile, il s’attelle à ses premiers textes jugés sérieux.
Il se consacre à une écriture qui se veut extrême et une critique sociale. Le roman, que certains qualifient de « noir » est pour lui une alternative à la normalité oppressante, une arme contre un quotidien, une société qui rêve avant tout de son heure de gloire et broie les âmes errantes. Cet engagement donnera par la suite ses premiers romans édités, des histoires divertissantes, noires et radicales, parcours de marginaux, puisées dans ses souvenirs d’enfance.
Selon lui, le regard marque la marginalité. En dehors de ses actualités littéraires, il œuvre dans l’ombre et sans communiquer, pour que les personnes qualifiées de différentes bénéficient de traitements et de droits équitables et justes. Il milite pour une mise en place de structures adaptées, de protocoles d’accueil et d’écoute, de libre circulation entre les administrations, de simplification des démarches… Si, à son petit niveau, il peut rendre audibles les voix des adolescents qui se sentent en marge, il en serait heureux. Il voudrait ajouter : prenons soin de nos enfants.
Thierry Brun chez Kubik éditions
